LAVEZZI

1997 – 2005

PRÉSENTATION

L’Archipel des Lavezzi est un enchevêtrement de grands blocs granitiques au milieu d’une eau turquoise cristalline au sud de la Corse, dans les Bouches de Bonifacio. Classé réserve naturelle depuis 1982, refuge de puffins cendrés durant l’été et de poissons en grand nombre, mais inhabité, le lieu est austère.

Les vents dominants, souvent tempétueux, ont valu à cette région d’être considérée comme l’une des plus dangereuses à naviguer en Méditerranée avec en moyenne 90 jours par an des vents entre 30 et 150 km/h. Les deux cimetières érigés suite au naufrage de La Sémillante en 1855 en sont un cruel rappel, avec leurs 773 tombes. Ces conditions naturelles extrêmes ont poli au fil du temps le granit, lui donnant des formes extraordinaires.

CONCEPT

La nature même de ces blocs gigantesques émergeant de l’eau, de dédales improbables où l’homme peut à peine se frayer un chemin, serait déjà une bonne raison d’envisager un projet. Ajoutons le fait que j’y ai joué dès l’âge de huit ans et que c’est pour moi un lieu magique depuis toujours. Lors de mes expéditions de quatre jours en moyenne, je louais un petit bateau

EXPÉRIENCE

Lors de mes expéditions de quatre jours en moyenne, je louais un petit bateau, passais au marché prendre eau, pommes, pain, fromage et jambon afin de pouvoir tenir quelques jours. Je dormais sur un matelas gonflable dans le fond du bateau, au milieu des éléments. Souvent, la nuit, les nuages jouaient avec la Lune, poussés par les vents. L’atmosphère mêlant sensation de solitude, force des éléments, beauté brute du granit et ombres jouant avec l’espace générait un sentiment indescriptible. De plus, avec des vents avoisinant souvent les 100 km/h, compliquant sérieusement la navigation entre les îlots et les vagues serrées, déstructurées, la notion de survie pouvait surgir à tout moment. J’en ai fait l’expérience quand un après-midi de novembre la mer s’est levée. Il m’a fallu Presque quatre heures pour rejoindre le port de Bonifacio, pourtant distant de 6 miles seulement. En arrivant, de nuit, après avoir négocié chaque vague pour éviter que le bateau se retourne, j’apprenais que le port avait été fermé au trafic maritime à cause du mauvais temps.